Ce qui devait arriver est arrivé. Oui, mon exemplaire de la clé du bureau, que j'avais fragilisé grâce à une exceptionnelle torsion (où j'avais rendu le métal aussi liquide que l'argent en Irlande) vient de lâcher. Et pas n'importe où évidemment : en pleine serrure. Les "je t'avais prévenu" pleuvent des deux côtés de la Manche, et les gens rigolent dans leur moustache. Mais j'ai réussi à extirper la partie cassée qui n'était (heureusement pour moi) pas totalement insérée. On a eu l'échappée belle comme dirait Pascal Obispo.
Lundi 9 avril 2007. Le concert s'est déroulé à l'Ambassador Theatre, une petite salle au bout d'O'Connell Street. Le public était globalement assez jeune (merci Trivium) mais des vieux routards étaient aussi là pour Annihilator.
C'est Gojira qui a ouvert le bal : un set d'une puissance folle, avec un batteur constamment à fond sur sa double pédale. Une véritable mitraillette. 30 trop courtes minutes plus tard, ce sont les pas si bûcherons que ça dans l'actuelle formation d'Annihilator qui viennent pour tout détruire. Je m'étais bougé pour eux à la base, je me suis mangé des purs solos de guitare mais ma plus grande déception aura de ne pas avoir eu les morceaux dont je rêvais. Clare, Drive, Invite It, Schizos (Are Never Alone), Human Insectic ne sont donc pas passés par là, mais nous avons eu le droit à Like Father Like Gun (mouais) et Alison Hell (ouais !). Le guitariste chauffait la salle comme pas possible, à demander des applaudissements après chaque solo réussi.
La scène change d'habillage, une grosse batterie surplombant la scène est dévoilée, les techniciens s'activent. Un sample à la Era se fait entendre, puis Trivium arrive et instaure directement un rythme de jeu extrêmement rapide, qui ne retombera jamais. L'ensemble du groupe est impressionnant de technicité et de vitesse. Six micros sont répartis sur la scène, Matthew Heafy navigue de l'un à l'autre, chante les couplets qui ne sont pas les siens, tire la langue, discute avec le public. Le groupe passe en revue de nombreux titres : Rain, Ignition, Anthem (We Are the Fire), Ascendancy, Drowned and Torn Asunder, Dying in Your Arms et plein d'autres que je n'ai pas reconnu. A la demande de la fosse, le groupe reprend Master of Puppets de Metallica. Deux chansons plus tard, Trivium conclut sur le surpuissant Pull Harder on the Strings of Your Martyr.
Une bonne claque sonore, des groupes qui se donnent, un très bon concert en définitive.
P.S. L'album From Mars to Sirius de Gojira est excellent. En écoute sur leur site officiel, rubrique Médias
Ou comment, en voulant prendre un raccourci, on se retrouve coincé dans un parc public dublinois.
A la question "est-ce que les personnes en charge des parcs publics vérifient qu'ils sont vides avant d'en fermer les grilles ?", la réponse est définitivement "non". Comme les parcs disposent en général de 5 ou 6 entrées et qu'il n'y a pas de fermeture synchronisée, je me suis sans doute retrouvé à entrer par la dernière grille non fermée. En gros, je suis rentré de mon plein gré dans un piège à cons, alors que je voulais couper par ce parc pour gagner quelques précieuses secondes dans ma course vers 300. Dans mon malheur, j'ai tout de même croisé deux vieux irlandais voués au même sort que moi. Je ne sais pas ce qu'il est advenu de leur corps, car je les ai lâchement abandonné en escaladant les grilles alors qu'ils tentaient, dans un dernier souffle, de rejoindre l'entrée par laquelle ils pensaient sans doute ressortir un jour.
Il vient tout juste de m'arriver un truc très con. J'ai littéralement tordu la clé principale du bureau où je travaille. Cet exemplaire n'est même pas mien, il appartient à mon maître de stage.
Comment c'est arrivé ? Et bien je revenais d'avoir cherché un sandwich, j'introduis la clé dans la serrure, puis Aidan sort de sa voiture fraîchement garée et m'interpelle afin que je lui laisse la porte ouverte. Sauf que moi, j'avais déjà lancé mon mouvement de poignet dit "d'ouverture de serrure", et qu'avec ma tête tournée dans la mauvaise direction, je ne me suis pas aperçu que je n'avais pas inséré complétement la clé dans la serrure.
Résultat : je tourne dans le vide, enfin pas tant que ça, car la clé épouse parfaitement le mouvement dessiné par mon poignet. Je m'en aperçois en posant mes yeux sur la serrure. Une subtile torsion dans le sens inverse aura été salvatrice, mais la clé fait la gueule et ne vaut plus grand chose... Un double, vite !
Deuxième rapport après déjà 10 jours d'Irlande, ne peut être vendu séparément.
J'annonçais dans mon précédent post que la vie ici était un poil plus chère. Finalement, après avoir parcouru quelques grandes surfaces (pas très grandes d'ailleurs), je m'aperçois que tout est généralement nettement plus cher. Par exemple, une baguette coûte 1,69 euros tandis qu'une bouteille de Coca-Cola de 2L dépasse les 2 euros dans l'Eurospar du coin. Quand on sait que le pain est la base de mon alimentation...
Dans la série des choses auxquelles je n'avais pas pensé, citons des prises électriques différentes. Cette fois-ci, c'est basé sur le système anglais, qui n'a rien à voir avec le système américain. Le voltage irlandais est heureusement identique au voltage français, je n'ai donc besoin que d'un vulgaire adaptateur.
J'étais également totalement à l'ouest concernant la langue irlandaise. C'est la première langue officielle de la République d'Irlande, devant l'anglais. Je n'entends personne la parler, mais tous les panneaux de signalisation pratiquent le double affichage. Ainsi, même les noms des villes ont des équivalents celtiques.
Autre histoire, je suis confronté à un problème de taille actuellement : comment traverser la route sans me faire écraser ? J'ai bien compris que les voitures roulent à gauche, mais je continue de vérifier s'il n'y a pas de véhicules du mauvais côté de la route, et je n'arrive toujours pas à prévoir où les automobilistes seront 10 secondes plus tard, notamment au niveau des carrefours. Dans un tel cas d'imbécilité, prudence est plus que jamais mère de sûreté.
Enfin, un détail amusant. Quand les emballages de papier toilette français affichent des fleurs ou des feuilles, les emballages irlandais affichent lapinous, chatons et bébés chiens (au choix). Drôle de symbolique...
Alors, dans l'ordre...
Le vol s'est très bien passé, mais Bob n'était pas là à l'arrivée, donc j'ai essayé de le joindre sur son portable depuis une cabine. Et là je suis tombé sur une femme qui n'avait rien à voir. Je raccroche de mon appel de dix secondes et la machine avale ma pièce de 2 euros. Je suis complétement paumé mais un mec me voit déambuler pendant 10 minutes et me propose de l'aide. J'ai finalement pu avoir Bob en ligne grâce au téléphone du mec et il m'a donné rendez-vous 20 minutes plus tard. Mais rien de grave.
A propos des bagages, je n'avais rien compris. Je croyais que c'était 15kg par bagage enregistré... Or c'est par passager. Mes 23kg de valises et moi se sont retrouvés à devoir payer 64 euros d'excédent. Avec seulement 25 euros de liquides sur moi et un compte à sec, je n'ai pas l'air d'un con. Je demande au guichet s'il est possible d'envoyer une facture payable plus tard, ce n'est pas possible. Seule solution, un numéro de carte bleue valide. Il est 7h30 : mon père est au travail, Martine aussi, je ne vois que ma mère. Je récupère son numéro grâce à une gentille hôtesse qui utilise pour moi les Pages Jaunes en ligne. La (méchante) prescriptrice téléphone pour moi : elle tombe sur José et lui demande cash son numéro de carte. Comme je suis derrière une vitre, je ne peux même pas lui parler et il n'a donc aucune preuve que je suis bien à l'origine de cette demande. Peu importe, il accorde une aveugle (et sourde) confiance à cet appel : je suis sauvé, je peux embarquer !
Niveau logement, c'est la folie ici : la demande est largement supérieure à l'offre et les gens s'arrachent des chambres indécentes à des prix de dingue. 400 euros par mois pour une petite chambre dans une maison décrépite, ou alors 350 euros en chambre partagée... Mais pour répondre à la question : oui. J'ai visité une maison (pas top), je devais voir un appartement, mais la soeur de Bob m'a proposé une chambre dans son cottage. Offre que j'ai saisi. Double Teen Combo compte rester dans la famille d'accueil qu'elle avait trouvé avant de venir, on a communément abandonné l'idée de vivre ensemble.
Niveau boulot, Bob est vraiment cool oui. Pour l'instant j'aide au développement du site web BlastSpace et je donne des coups de main à ceux qui en ont besoin. Mais Bob a pour projet de m'envoyer en Belgique pour mieux y formater et développer l'esprit Blastbeat. Je ferais des allers-retours en avion. Concernant les horaires, les gens travaillent généralement de 10 à 18 heures mais rien n'est gravé dans la pierre. Vu que je suis le rythme de Bob actuellement, j'étais debout samedi comme dimanche. Je verrais comment ça se passe pour la suite, mais ça ne me dérange pas. Le salaire est bien comme convenu oui.
Oui aussi pour les concerts de vendredi (Derry, Irlande du Nord) et de samedi (Dublin). Le niveau était très bon et les morceaux joués étaient originaux. Juste reconnu une reprise de Master of Puppets et c'est tout. Il faudrait s'arranger pour que Tata et toi veniez un week-end durant lequel un concert a lieu. Le studio dans lequel j'ai vécu est très bien et oui je l'ai eu gratuit (il est situé sur la même parcelle de terrain que la maison de la mère de Bob).
Le peu que j'ai vu de Dublin est très joli, surtout le centre. Pas encore pris le bus. Le coût de la vie est un poil plus cher.
Je mange du porridge avec du miel et des myrtilles au petit déjeuner, des sandwichs O'Brien avec de la mozzarella, des tomates et du pesto le midi, et ce que l'on me prépare le soir (variable). Je bois du Sprite, du Coca-Cola, du Tropicana, du lait, du thé (beaucoup), du vin australien, du vin espagnol et de l'eau.
Voilà.
David me chantait sans arrêt Sunday Bloody Sunday durant ma tournée française. Référence évidemment à U2 et à l'Irlande, vu que j'ai mes fesses a Dublin maintenant.
Il faut savoir que je reste chez mon maître de stage en attendant de trouver un logement, dans un studio très proche de la maison. Je dors dans le studio, je prends mes repas en famille dans la maison. Celle ci est idéalement placée et possède une magnifique vue sur la mer. Et voilà que ce matin durant le petit déjeuner, la mère de mon maître de stage me parle de Bono, qu'elle a connu tout petit. "Quand je serais riche, je voudrais vivre ici" lui aurait-il lancé. Faute d'avoir pu acheter sa maison, il vit 1 mile plus loin, dans la même rue. On appelle ça de la préméditation.