Petit essai de la Reactable
La tournée Zidane et ses amis est passée par Montréal. L'occasion unique de voir le phénomène en action. Etaient annoncés sur le site qui vendait les billets Samuel Eto'o, Fabien Barthez, Gattuso etc. parmi les amis de Zidane. Il n'en aura rien été : aucun des joueurs annoncés soit par le site soit par le promoteur de l'évènement n'étaient présents. A la place, des anciens joueurs d'équipes locales et pour opposition... une équipe de policiers !
L'effet "match de gala" était forcément à son comble. Zidane a dû enchaîner des gestes techniques inutiles au jeu pour assurer un minimum le spectacle. L'équipe de la police a encaissé 10 buts, dont deux CSC. Dans les dernières minutes, sur leure seule action offensive, un des policiers élimine un défenseur adverse puis trébuche seul dans la surface. L'arbitre accorde alors un pénalty, pour permettre à l'équipe de sauver l'honneur. Peine perdue, c'est un tir mou qui arrive directement dans les bras du gardien. On aura vu des hors-jeu non sifflés, des gardiens qui captent la balle à la main hors de leur surface, des glissades ridicules, mais pas ce qui avait été vendu à la base. Un peu cher pour 35$.
Depuis mon arrivée fin mars à Montréal, j'ai entendu le culte Au bal masqué de La Compagnie Créole à trois reprises dans des restaurants ou des centres commerciaux. J'ai également eu le droit au classique C'est bon pour le moral dans un autre lieu public. Ce passéisme musical semble être une marque de fabrique au Québec, au point d'en inspirer le slogan de la ville de Laval, située au nord de Montréal. Classe.
Un petit malin a eu la délicieuse idée d'indiquer à la police qu'il avait laissé un colis piégé dans les couloirs de la station Berri-UQAM du métro de Montréal, ce qui a conduit les autorités à couper le trafic sur 3 des 4 lignes du réseau. A 17h15, ça fait forcément son petit effet... Là où je pense qu'un français s'en serait pris verbalement au personnel de la société de transport pour pester contre les désagréments (moi le premier), les voyageurs sont restés calmes et courtois. Une leçon de self-control et de fatalisme.
A Montréal plus qu'ailleurs, des panneaux précisent que les places assises sont réservées en priorité aux personnes à mobilité réduite : personnes âgées, femmes enceintes, invalides etc. J'ai déjà hésité à laisser ma place à quelqu'un de peur que la personne n'interprète mal mon geste. Cette peur s'est amplement justifiée hier : alors qu'un homme d'une soixantaine d'années s'avance dans l'autobus puis nous fixe, nous gens assis, je me lève et lui propose mon siège. Réponse de l'intéressé, agacé : "je ne suis pas encore invalide". Bonjour politesse.
Pendant qu'Anne-Sophie me soutient qu'elle croise matin et soir la même personne dans le bus qu'elle prend (alors qu'elle ne le prend pas exactement à la même heure), j'ai moi-même remarqué un phénomène invariable : il y a toujours une chinoise assise à la même place dans le bus qui descend un arrêt avant le mien. Le truc, c'est que j'ai changé de bus, que la chinoise a été remplacé par une autre chinoise mais cette copie conforme, assise à la même place, fait exactement la même chose. Pratique pour savoir où s'arrêter.
J'ai l'honneur d'être l'heureux possesseur d'un passeport DELPHINE délivré après le 26 octobre 2005, date à partir de laquelle les préfectures et sous-préfectures auraient dû automatiquement basculé vers le passeport électronique (auraient dû). Je peux voyager partout dans le monde, sauf aux Etats-Unis. Je me croyais contraint à payer un nouveau timbre fiscal afin de mettre à jour mon passeport mais j'avais appris une semaine avant mon départ à Montréal que le remplacement était gratuit.
En France on me demandait une preuve de voyage aux Etats-Unis et on confisquait mon passeport le temps de créer l'autre. Au consulat de France à Montréal on sait très bien que les gens vont aux Etats-Unis et on les laisse tranquille avec leur passeport jusqu'au retrait du nouveau. Beaucoup, beaucoup plus cool.
Le monde n'a pas rétréci mais la mondialisation n'a fait qu'accélérer cette impression de compression de l'espace terrestre. J'ai appris début avril que deux de mes anciens collègues irlandais avaient pour projet de tenter leur chance à Montréal : cela fait plus de 2 ans que je ne les ai pas vu et ils seront là en juin. Et là, cette semaine, Anne-Sophie voit dans son flux Facebook que David le chilien vient de poster des photos des "ratas de Montreal". Oui, David le chilien - rencontré à l'ESCIP il y a 3 ans - est sur la même île que nous. Il est venu chez nous pour une soirée samedi dernier, accompagnée d'une amie allemande, Christiane. Christiane était juste ma filleule en ESCIP 4. Le monde est petit.
Je me doutais que mon retour serait long. Levé à 8h30 heure canadienne, décollage de Calgary à 18h, transfert par Londres, puis atterrissage prévu à Bruxelles à 16h30, soit 24 heures de voyage où l'on reste plus ou moins éveillé. Bon ça c'est la théorie. En pratique, à l'approche des îles britanniques, on survole un magnifique tapis de nuage qui en recouvre l'intégralité.
Vraiment, dans l'avion, c'est joli : les nuages représentent un motif parfait éclairé par le soleil levant. Je m'imagine alors que les gens en dessous ne doivent voir qu'un ciel gris et nuageux, et qu'ils ignorent complétement que le soleil rayonne finalement au dessus de leurs têtes. C'est là mon erreur : je pense aux gens en dessous des nuages, mais les gens sont en fait dans les nuages. Je m'en rends compte à l'atterrissage quand la piste ne se montre que dans les ultimes mètres de la descente. Le brouillard est hyper épais et ralentit le trafic aérien. On s'aperçoit rapidement que pas mal de vols sont déjà annulés. Puis c'est le tour du nôtre, alors que l'on devait partir dans 30 minutes.
Le cauchemar commence maintenant. Le brouillard risque de durer plusieurs jours, les prochains vols sont déjà compromis, ll faut donc rallier la France par l'Eurostar. Et les bagages ? A nous de les retrouver dans un immense bordel : avec tous les transferts annulés, le personnel de l'aéroport balance depuis quelques heures des milliers de bagages sur les tapis. Les non récupérés s'amoncelent déjà un peu partout. Alors que l'on s'apprête à abandonner nos recherches et à laisser l'aéroport nous renvoyer nos valises à domicile, voilà qu'on les retrouve par chance. Allez, direction l'underground.
Le métro, c'est bien, sauf quand on est chargé. Plus d'une heure de transport plus tard, nous voici à la gare de l'Eurostar, blindée. Ce n'est pas le seul problème. Il nous faut avancer le prix de billets, avant remboursement par la compagnie aérienne. 135£, soit 200 euros par personne, pour un Londres - Lille billet simple. Je n'ai pas un rond, je mets donc Antoine dans le rouge, Ben n'arrive plus à payer avec sa carte, celle d'Alex passe par magie, et le dernier billet est payé et par liquide et par carte. Coup de bol. Et là, alors que Ben a passé la sécurité aéroportuaire de Calgary et de Londres, il bute sur la sécurité ferroviaire de l'Eurostar. On part dans un quart d'heure mais non, Ben est obligé de vider sa valise. Bilan : son couteau braqué par les agents, et son passeport perdu dans l'excitation. On monte enfin dans le train, et 1h30 plus tard, nous voici enfin rentrés. Putain de journée.
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