réflexion

Du temps et de la sagesse

Je ne sais pas pour vous, mais lorsque j'étais enfant, certaines paroles d'adultes se sont ancrées en moi. Pas le genre de paroles qu'on entendait à longueur de journée, mais plutôt les paroles que je qualifierai de "sincères". Des phrases qu'un adulte nous adressait de manière concentrée.

Une phrase à laquelle je repense souvent est celle d'une de mes monitrices de centre aéré : "Profite de ton enfance, tu ne sais pas à quel point elle est précieuse". Ce qui nous renvoit à la fameuse expression "si jeunesse savait, si vieillesse pouvait". C'est le genre de phrase qui te retourne le cerveau quand tu n'as que 6 ans, car tu sais tout à coup que tu dois profiter, mais tu ne sais pas de quoi ("tu comprendras quand tu seras plus vieux").

Une fois adulte, les seules personnes qui peuvent nous asséner ce genre de paroles sont les personnes âgées. Les plus respectables semblent être emplies de sagesse, et derrière certaines de leurs interventions se cachent des montagnes de sens. Deux exemples parlants : "On aime toujours les gens qui se souviennent de notre prénom", et "Je n'aime pas la chaleur, car contrairement au froid, je ne peux pas retirer de couche de vêtement supplémentaire".

Cette dernière phrase prend tout son sens par les chaleurs qui courent. Je suis curieux de savoir si certaines phrases que vous avez entendu durant votre enfance ont résonné en vous avec le temps (ou pas).

PS : ma faculté à imprimer des souvenirs d'enfance ne devant pas être isolée, je me méfie toujours des choses que je peux raconter à un enfant de peur de le dérégler. On ne sait jamais.

Internet : l'infini s'arrête ici

Internet est un puit d'informations sans fond, et je me souviens encore du "sentiment d'infini" que j'ai ressenti lors de mes premières heures de surf à la fin des années 90. A l'époque, le web était une affaire d'artisans, de bricoleurs du dimanche qui publiaient des contenus originaux dans un contenant lui aussi original : ceux qui éditaient du contenu pour le web avaient généralement quelque chose à dire ou à montrer - il fallait alors franchir les barrières du "webmastering" (HTML, FTP etc.). Ces barrières ont disparu grâce aux CMS et aux plateformes de blog, et si le contenu du web est devenu plus conséquent, il est surtout devenu incroyablement moins qualitatif.

Dans un même temps, le Net s'est professionnalisé, est devenu un média de masse et un moyen de faire du "fric" comme un autre. Tout est question de visibilité et de trafic, le contenu est généré par des scripts et des fermes de contenu sont en charge de pousser des informations à caractère commercial. Tout semble calculé, les grosses ficelles du marketing multicanal ont envahi Internet et nous sommes noyés sous un flot de publicités qui ne s'assument pas.

Je suis nostalgique de l'époque où Internet n'avait pas le côté "fini" qu'il a aujourd'hui, avec ses énormes acteurs qui centralisent la majeure partie du trafic. Par fainéantise, par méconnaissance ou par stupidité, nous donnons les clés du réseau à des acteurs privés alors que nous sommes tous égaux sur Internet, en tant que producteurs et consommateurs.