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Gad Elmaleh est italien

Mercredi 12 janvier 2011, 11h30 place Viarme.

Fraîchement sorti d'un rendez-vous client dans un quartier que je ne connais pas, je me dirige vers le tram puis décide d'acheter de quoi manger. Je retire de l'argent au distributeur le plus proche et me dirige vers une boulangerie quand une personne en Fiat Punto m'interpelle. Le conducteur, d'une trentaine d'années, me demande si je parle italien. Je lui réponds que non et il me dit que j'ai pourtant l'air italien. Il me demande si je connais les Galeries Lafayette, m'indique qu'il en revient et qu'il vient d'y superviser un défilé privé en tant que responsable marketing international chez Emporio Armani. Il a reçu gratuitement de nombreux échantillons de vêtements suite à ce défilé et il souhaite m'en faire profiter. Il se gare et m'invite à monter à bord de son véhicule pour me montrer les pièces.

Il me dit qu'il n'a pas l'habitude de faire ça, qu'il est content d'avoir trouvé quelqu'un qui lui parait gentil et à qui il va pouvoir faire un geste. A l'arrière de sa voiture se trouvent 5 à 6 vêtements de haute couture protégés par des housses. Il décide de m'en montrer 3, collection 2011, inédits et jamais présentés aux particuliers : une veste en cuir, qu'il passe sous la flamme de son briquet pour en prouver la qualité, une veste de costume en cachemire cintrée et une veste de costume faite main. Tous ces objets ont une valeur commerciale de plusieurs milliers d'euros et il souhaite en faire profiter quelqu'un dont la taille convient et qui n'aurait pas les moyens de s'acheter de tels vêtements en temps normal.

Il m'explique qu'il souhaite me faire plaisir mais qu'il n'est pas fou, qu'il connait le prix de ses pièces et qu'il souhaite simplement qu'en échange des vestes, je fasse un geste de quelques centaines d'euros pour lui permettre d'acheter du parfum en duty-free lors de son vol retour vers Milan. Il estime que 600€ feraient l'affaire, apprend que je ne les ai ni sur moi si sur mon compte courant et accepte de me donner la veste en cuir pour les 150€ que je lui propose. Il me conduit à un distributeur, d'où je retire finalement 200€ qu'il m'échange contre 2 vestes. Il me dépose proche d'une station de tram, prend mon adresse email pour m'envoyer des invitations au prochain défilé Emporio Armani à Nantes et me laisse ses coordonnées en Italie, à Rome et Milan.

Fin du rêve éveillé.

Cet homme que j'ai rencontré n'est pas responsable marketing chez Emporio Armani et les vêtements que j'ai acheté sont en réalité des contrefaçons. Plusieurs personnes ont déjà été victimes d'une arnarque identique en région parisienne et à l'étranger.

A noter :

  • Je n'ai même pas essayé les vestes avant de les acheter
  • Le contexte apporté par l'arnaqueur était dense, on a tout de même discuté plus d'une demi-heure de choses et d'autres sans que je ne m'aperçoive d'aucune incohérence
  • J'ai dépensé 200€ dans une voiture pour des vêtements, somme que je dépense rarement en magasin (c'est le côté Derren Brown)
  • Il ressemblait comme deux gouttes d'eau à Gad Elmaleh (j'ai d'ailleurs failli lui dire)

Comme me l'ont répété les personnes à qui j'ai raconté cette histoire, rien de bon n'arrive de la rue. La leçon est apprise, pourvu que je la retienne.